Pour la première création de sa compagnie Carmen Chan, Mathilde Invernon frappe fort !

Mais la jeune comédienne et danseuse franco-espagnole a déjà une sacrée expérience d’interprète derrière elle pour s’aventurer dans un duo explosif avec Arianna Camilli : diplômée de la Haute École des arts de la scène de Lausanne où elle vit, elle œuvre aux côtés de Pascal Rambert, Delphine Lehericey, Léa Fazer et La Ribot avec laquelle elle danse et parfois co-écrit (Laughing Hole, LaBola, Distinguished Anyways, DIEstinguished et PD45). Dans ce duo rythmé et graphique, elle persifle sur une partition physique et sonore qui atteint son apogée au moyen de la répétition, de la vibration de la scénographie, des voix poussées à l’unisson dans des lumières intensifiées. De micro-gestes scandés et dansés (se frotter, tirer la langue, renifler...) en micro-mots lancés en l’air et ventriloquie (« chut », « tututu », « fais un effort »), du mimétisme des corps masculinisés par leurs costumes en attitudes débraillées voire grossières, l’alphabet spectaculaire de Bell end emprunte à la masculinité débordante des postures qui rappellent en quoi sa nature est à la fois commune et absurde. Le comique et le grotesque font bon ménage dans cette discussion corporelle et verbale ingénieuse qui, au-delà de son impact immédiat, questionne la trace invisible que les comportements outrageants laissent sur les corps et dans les mémoires.

Avec le soutien Pro Helvetia et avec le Centre culturel suisse. On tour.